Mais il vient un point dans une carrière où cela peut devenir une douce illusion et un décalage s'opère entre ce que l'athlète pense de lui-même et ce que le monde du hockey pense de lui. Les joueurs de hockey ont tous tendance à sous-évaluer l'impact du temps qui passe, des blessures et du ralentissement qui opère inévitablement.
Patrice Bergeron semble l'avoir compris. S'il accroche officiellement ses patins cet été, ce n'est pas parce qu'il ne se croit plus capable de jouer dans la LNH, mais parce qu'il comprend ou qu'il voit venir le fait qu'il ne pourra pas être le Patrice Bergeron que l'on connaît sur la glace. Quitte à voir ses performances péricliter et ne plus être l'ombre de lui-même, pourquoi pas arrêter pendant qu'il est encore au sommet de sa gloire.
D'autres, la majorité en fait, tenteront d'étirer la sauce au maximum. Et parfois, ça se termine mal dans la mesure où ce que l'athlète laisse derrière lui comme souvenir finit par être entaché. Zdeno Chara n'a plus la superbe forme de dans le temps, Jaromir Jagr est devenu une sorte de blague à force de s'accrocher alors qu'il joue encore dans une ligue de tiers niveau en Tchéquie ou même Chris Chelios qui a fini par faire de l'autobus pendant une saison dans le club-école des défunts Thrashers d'Atlanta. Au moins, le hockey n'est pas la boxe, où le combat de trop peut faire très mal et des blessures majeures peuvent s'en suivre.
Aujourd'hui, Kristopher Letang a 35 ans et il deviendra agent libre sans compensation. Selon ce que le journaliste Alexandre Gascon de Radio-Canada a mentionné dans le podcast Tellement Hockey, le québécois souhaiterait faire comme Jaromir Jagr et jouer dans la LNH passé l'âge de 40 ans.
À son âge, Letang tombe dans une nouvelle catégorie d'UFA. Son contrat sera garanti à 100 %, même si les Penguins ou n'importe quelle éventuelle équipe qui obtiendrait ses services voulait racheter son contrat, ce serait à 100 % de son salaire et l'impact sur la masse salariale resterait entier. Le défenseur peut bien croire en ses moyens, il ne peut pas prédire son avenir et il devient, sans le vouloir, un asset à plus haut risque pour son équipe. On comprend le joueur de vouloir obtenir le contrat le plus long possible, mais pour l'équipe, c'est un piège à éviter absolument.
D'ailleurs, cette notion de confiance en ses moyens a amené son comparse Martin Leclerc à raconter une anecdote qui implique Shea Weber :
L'avenir n'aura pas donné raison à Shea Weber comme il pourrait très bien ne pas donner raison à Kristopher Letang. Les Penguins ont toutes les raisons du monde d'agir avec prudence avec ce dernier dans leurs négociations de contrat. S'il devenait UFA, souhaitons que le Canadien évite l'écueil de dérouler un long et généreux pont d'or à Letang.
Crédit : Radio-Canada